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  • Marion Simon-Rainaud

« J'ai lancé un espace de coworking à la campagne, accessible depuis Paris en RER »

TEMOIGNAGE// Pierre Tardy, 29 ans, vient de lancer le premier lieu labellisé du nom de son entreprise « Outwork », pour proposer « une nouvelle expérience » à la fois de travail et de séjour à la campagne. L'idée lui est venue au début de la pandémie, alors qu'il était confiné dans le Perche, entre Loire et Normandie.

Avant de monter Outwork, Pierre était ingénieur en travaux publics de formation puis a travaillé quatre ans à la tête d'une start-up de l'Edtech. (DR)


« En tant que salarié, j'ai eu envie de travailler ailleurs qu'à Paris, mais dans un endroit bien adapté. En mars 2020, l'idée a germé dans mon esprit : j'étais confiné dans une maison de campagne dans le Perche.

C'est mon expérience en 100 % télétravail et ses limites qui ont abouti à l'idée d'Outwork. Mais, je ne me suis pas lancé tout de suite car l'emploi que j'occupais chez Gymglish, une start-up de l'Edtech, depuis quatre ans m'épanouissait. J'ai négocié une rupture conventionnelle au début de l'année 2021.

J'avais théoriquement le background nécessaire puisqu'en 2016-2017 j'ai suivi un master entrepreneuriat à HEC, à la suite de mes cinq années d'études à l'école des Hautes études d'ingénieur à Lille. Mais il me manquait la confiance…


Entreprendre, le « grand saut »


J'ai fait le grand saut en tant qu'entrepreneur en juillet 2021. Pendant les mois qui ont suivi, j'ai élaboré l'offre, trouvé des locaux et des partenaires, interrogé plus de 50 professionnels des ressources humaines pour structurer mon idée.


En octobre, j'ai lancé un site pilote en Bourgogne durant un mois. Là-bas, avec les deux membres de staff permanents, nous avons accueilli environ 25 personnes par semaine, restant en moyenne deux ou trois nuits par séjour. Une expérimentation grandeur nature pour se roder.


Les participants étaient principalement des salariés d'entreprise (qui cofinançaient avec leurs employeurs cette expérience) mais nous avons également reçu des particuliers et même des freelances.


Des doubles écrans et la fibre dans des cabanes


Dimanche 6 mars, nous avons ouvert le véritable premier lieu labellisé « Outwork » au domaine d'Orgemont, dans l'Essonne, au bout du RER C. J'ai fait un partenariat avec le lieu, déjà équipé pour recevoir des groupes le week-end, mais qui reste souvent vide la semaine. C'était mon argument principal pour convaincre les propriétaires du domaine - ce qui n'était pas gagné d'avance.


A Orgemont, Pierre Tardy a travaillé avec les propriétaires pour agrémenter les pièces de postes de travail et de double écrans pour avoir un vrai espace de coworking. Ensemble, ils ont aussi refait l'aménagement général et ajouté des prestations de service (repas, snacks, activités...). (DR)


Fonctionner en partenariat avec les lieux m'a permis de débourser peu d'argent (15.000 euros environ) pour monter cette boîte où je me suis lancé en fonds propres, sans avoir recours à une quelconque levée de fonds.


Pour le futur, je ne l'envisage pas non plus sur le volet opérationnel. Car à court terme mon business model est viable : je me rémunère sur le prix des nuitées (entre 100 et 150 euros), dont deux tiers vont au propriétaire des lieux. En revanche, je songe à une levée de fonds immobilière pour développer nos propres lieux à terme, en parallèle des locations et partenariats avec les lieux existants.


Un séjour plus qu'une journée de travail


Au domaine d'Orgemont, on permet aux entreprises d'organiser des team building ou des journées de travail plus classiques mais délocalisées en petit comité (environ huit personnes). Ce sont des formules clé en main qui permettent aux participants (60 places la journée, 30 couchages pour la nuit) de ne pas avoir à se soucier de quoi que ce soit sur place.


Le prix comprend la nuitée dans une chambre, les trois repas par jour, le transport depuis la gare de RER et des activités ressourçantes à choisir ou pas selon les envies de chacun (yoga, session de coaching, accès au SPA, sport en forêt, dégustations etc.).


« Nous avons à coeur de proposer un programme complet dans lequel chacun peut participer selon ses envies. » (DR)


A terme, j'aimerais créer une formule permettent aux employeurs de donner des « crédits télétravail ailleurs » à leurs employés, sur le modèle du forfait mobilités. Par an, chaque salarié aurait par exemple dix nuitées à dépenser pour télétravailler ailleurs que chez soi.


Pour l'instant, mon objectif est le suivant : je souhaite exploiter à fond le premier lieu et prouver le product-market fit, c'est-à-dire concrètement avoir environ 1.000 visiteurs sur les trois prochains mois. C'est un travail de longue haleine pour convaincre les employeurs !


1.000 visiteurs en trois mois


Et si ça marche, j'aimerais ouvrir d'autres lieux labellisés Outwork : d'ici fin 2022 travailler avec un deuxième et un troisième lieu (en fonction de la traction commerciale qui peut prendre du temps) et début 2023 recruter pour développer encore d'autres nouveaux lieux.


Mais les difficultés sont nombreuses : il est très compliqué de trouver des lieux à la fois proches de gares (moins de dix minutes en voiture), équipés de la fibre optique, avec une capacité d'accueil en couchage d'au moins 20 personnes, et un confort de chambres important (salle de bains privative). »


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